Histoire du port du Loch-Partie 3

Les Primelinois(es)

L’inauguration de la station de sauvetage HSB du Loch Primelin en 1907

Par Hervé THOMAS

L’inauguration de la station du Loch

Le courrier du Finistère

Le courrier du Finistère

Le courrier de Finistere

Le courrier de Finistere

Le mardi 16 avril 1907 a lieu l’inauguration de l’abri et du canot Paul LEMONNIER. Le Courrier du Finistère ainsi que l’Ouest Eclair, nous relatent l’événement.

Les Annales du Bien (revue de H.S.B.) nous donne la composition de l’équipage de l’époque :

 

 

  • Daniel THOMAS, patron du Paul LEMONNIER
  • Jean CISSOU, sous-patron

Canotiers du canot du sauvetage :

  • Henry KERSAUDY
  • Jean Michel FOLLIC
  • Jean Marie BIGOT
  • Arsène CARIOU
  • Yves FILY
  • Eugène CISSOU
  • Jean Marie CARIOU
  • Jean Marie CISSOU
  • Marc CISSOU
  • Mathieu URAIN
  • Henry GORAGUER
L’inauguration de la station de sauvetage du Loch. (Les Annales du Bien 1907) :

Le mardi 16 avril avait lieu, au Loch, le baptême du bateau de sauvetage offert par notre bienfaitrice, Mme LEMONNIER. Cette cérémonie fut très remarquable.
Les populations des communes de Primelin, Plogoff, Cléden, Audierne, étaient ainsi venues assister à l’inauguration de notre station de sauvetage.
Cette magnifique station, placée sur la plage du Loch presque à la pointe du Raz, est appelée à rendre de très grands services à nos marins pécheurs, si nombreux dans ces parages de Douarnenez et d’Audierne, où les tempêtes sont d’une violence inouïe et les naufrages fréquents, surtout aux environs de la Baie des Trépassés et de l’Enfer de Plogoff. Lorsque la tempête mugit, l’entrée ou la sortie du port d’Audierne devient impossible, même pour le bateau de sauvetage qui y est placé. Ce sont ces motifs qui ont décidé notre Société à occuper un poste avancé, sentinelle défiant l’ennemi jusque sur son terrain.
Après l’imposante cérémonie de la bénédiction du bateau, faite par le clergé des paroisses de Primelin et de Plogoff le canot fut lancé à la mer avec son équipage et les invités (36 personnes étaient à bord). Son entrée à l’eau fut saluée d’acclamations par plus d’un millier de personnes restées sur le rivage ou dans les bateaux de pêche.

Vue du loch

Vue du Loch

Après une petite promenade en mer, les invités furent débarqués et, l’équipage resté seul dans le canot, l’on procéda à son chavirement afin de bien démontrer aux marins les qualités du bateau Henry. Un câble fut placé sous la quille; le cabestan fut manœuvré et ce fut un instant d’émotion, lorsque le bateau parut la quille en l’air et que l’on vit l’équipage se cramponnant aux filins placés sur les flancs. En un quart de seconde, le canot était redressé et l’eau évacuée instantanément, démontrant ainsi aux marins qu’ils pouvaient sans crainte affronter sur cet engin les plus effrayantes tempêtes.

Aquarelle du port du Loch Primelin de Mathurin Méheut

Aquarelle du port du Loch Primelin de Mathurin Méheut

Au moment où se faisait cette inauguration, l’escadre du Nord passait à l’horizon pour se rendre à Quiberon. Coïncidence heureuse, car elle ajoutait une note gaie à cette cérémonie se déroulant dans un cadre admirable et par une belle journée de printemps.

Voici l’allocution prononcée à cette occasion par notre président M. COIGNERAI (Président des HSB) :

Mesdames, Messieurs,
La Société des Hospitaliers Sauveteurs Bretons, en confiant au braves marins de Primelin et de Plogoff la conduite du Paul LEMONNIER, sait qu’elle peut compter sur leur courage et leur dévouement. Ils seront les digues émules de leurs camarades qui montent nos embarcations de sauvetage, et rivaliseront de zèle avec les équipages de notre grande sœur, la Société Centrale ; les uns et les autres feront leur devoir, car tous ont le mépris de la mort lorsqu’il s’agit de lui arracher une victime. Certes, tous les pays du monde peuvent s’enorgueillir de posséder des sauveteurs. Mais est-il un coin du globe où ils soient plus nombreux que sur nos côtes de Bretagne ? La tempête, qui y fait rage une partie de l’année, habitue l’enfant dès son bas âge à lutter et à affronter ces dangers au milieu desquels il vit depuis sa naissance. Devenu homme, son courage natif s’augmente du dévouement. Si, enfant, il se jette à l’eau par instinct, comme le Terre-Neuve pour sauver, plus tard, c’est en raisonnant froidement qu’il se dévoue, car alors, il a, lui aussi, une famille, des enfants, qui attendent du chef, le pain de chaque jour, si durement gagné; s’il meurt en se dévouant, qui prendra soin de la nichée ?
Cette pensée traverse son cerveau mais ne l’arrête pas, car il est de ceux qui croient et qui espèrent. Aussi le dévouement l’emporte ; il s’élance au devant de la mort en bravant le danger : s’il meurt, il aura fait son devoir…
C’est l’exemple qui nous est donné chaque jour, par nos braves marin, dans les catastrophes qui portent le deuil au milieu de nos familles.
N’est-ce pas, Mesdames, Messieurs, que le sacrifice est grand et que l’homme ne peut envisager rien de plus sublime en ce monde ? Nos sociétés de sauvetage, organisées pour venir en aide à ces braves gens, et leur procurer des engins perfectionnés, tel le bateau Henry, seraient impuissantes si nous ne rencontrions des personnes charitables, qui, ainsi que la donatrice de ce canot, font un si noble usage de leur fortune.
Vous m’en voudriez, si je ne vous relatais quelques-uns des bienfaits répandus par Mme Lemonnier, et, dussé-je blesser sa modestie, il est de mon devoir de vous en instruire afin que vous puissiez lui en témoigner votre reconnaissance. Vous savez la grande part qu’elle a prise à la construction de votre jetée : démarches, argent, rien ne l’a arrêtée, jusqu’à ce que satisfaction lui soit donnée.
Vous lui devez ce magnifique bateau qui fait votre admiration et qui vous permettra d’aller au secours de vos frères.
Elle a fondé à Saint-Marie, près Pornic, un orphelinat pour une douzaine de jeunes marins qui sont instruits et placés par ses soins. C’est à son initiative que Groix doit de posséder deux dundees de pêche à moteur. Elle a payé de ses deniers le local de la première école de pêche fondée à Groix et dont la direction est confiée à M. Guillard, promoteur des écoles de pêche.
Ses bienfaits s’étendent non seulement aux marins, mais aussi à de nombreuses familles dans le besoin.
Tout dernièrement, elle vient de faire un don princier à la Sorbonne pour y créer une chaire ! Voilà l’œuvre de Mme LEMONNIER.
II n’y aura qu’une voix dans cette assistance pour acclamer la bienfaitrice de ce pays, et vous vous joindrez à moi
pour crier : « Vive Madame LEMONNIER »
Il nous reste une bien agréable mission à remplir au nom de la Société : c’est de récompenser quelques dévouements qui nous ont été signalés, aussi je suis heureux de remettre diplômes et médailles à :
M. LUZON, conducteur des Ponts et Chaussées, pour services rendus à la Société.
LE BOUR, retraité, qui a pris une si grande part à l’organisation de la station de sauvetage.
SAVIN, Louis, marin pêcheur à Audierne, qui s’est tout particulièrement dévoué lors du sauvetage de l’équipage du canot de sauvetage, et fut assez grièvement blessé.

Au cours de cette réunion, Mme LEMONNIER, ayant réuni l’équipage du bateau offert par elle, leur a fait une courte mais énergique allocution ; elle a fait appel aux sentiments de bravoure, d’honneur et de dévouement qui caractérisent les marins, ajoutant qu’elle comptait, pour embellir le Livre d’Or des Sauveteurs, sur les hommes du Paul Lemonnier.

Inutile d’ajouter que cette allocution et ces récompenses furent accueillis par des applaudissements et aux cris, en effet, de :« Vive Madame LEMONNIER ! »
Belle et bonne fête – excellente journée pour la Bienfaitrice et pour la Société.

Note de l'abbé Claquin - Inauguration de la station de primelin 1907

Note de l’abbé Claquin – Inauguration de la station de primelin 1907

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