La grotte de Menez Dregan
Par Jo Evenat – https://www.audierne.info
Site archéologique de Plouhinec
Le site de Ménez Drégan, mis au jour par l’érosion marine a été découvert en 1985 par Bernard HALLEGOUËT, chercheur CNRS et est fouillé depuis 1998 par une équipe d’une unité CNRS de l’université de Rennes 1. C’est un site clé pour la connaissance des plus anciens peuplements de l’extrème Ouest de L’Eurasie. Les recherches sont supervisées par Jean Louis MONNIER, directeur du CNRS.
Aux environ de – 450 000 ans, des hommes primitifs (sans doute Homo Heigelbergensis) arrivent dans ce « bout du monde ». L’endroit est bien situé, la température encore clémente bien que l’on s’achemine vers une nouvelle glaciation. Devant cette falaise sud du Cap Sizun s’étend une plaine où vivent de nombreux animaux : éléphants, rhinocéros, chevaux …….etc …….. Du fait du refroidissement, la mer s’est retirée de 5 à 10 Km.
Ils trouvent une grotte qui, à cette époque faisait environ 3m de hauteur à l’entrée pour une profondeur de 15 mètres et une largeur de 7 à 8 mètres. Ils s’y installent et y reviendront périodiquement.
C’est l’affaissement de cette voûte, beaucoup plus tard, qui permettra la conservation de vestiges, piégés ainsi à l’abri des remontées marines. L’ultime cavité, colmaté par les sédiments pléistocènes, ferme un couloir d’abrasion.
Les fouilles commencent donc en 1991 avec des stagiaires d’université et se poursuivent encore. Les fouilles ont lieu au mois d’août, elles s’effectuent à l’aide de truelles, pinceaux, les pièces sont stockées, séchées et marquées à l’encre de chine, puis, acheminées au laboratoire de Rennes. Les études des vestiges se poursuivent l’hiver dans les laboratoires du CNRS de Rennes.
Il a été trouvé sur les différents sols de la grotte des milliers de galets et de silex taillés ayant servi de calages mais surtout d’outils. Les restes de charbons de bois permettront de connaître la flore de l’époque, les rares restes osseux : la faune.
Les indices trouvés dans les plus anciennes couches de la grotte font remonter son occupation vers 465 000 ans avant notre ère (période du paléolithique inférieur), par un groupe localisé sur la côte sud –armoricaine, entre Noirmoutier et Crozon.
Les différents stades d’habitat, de 1 à 9, ont pu être conservés grâce au piégeage des couches d’occupation par la remontée des eaux marines et l’effondrement de la voûte de la grotte.
Nous trouvons six phases d’occupation de l’homme entre 500 000 et 300 000 ans.
Des évidences absolus :
- Eclats taillés (milliers)
- Trace d’os (analyse paléogénétique)
- Charbon de bois (résultat antachrologie) saule, pin, lande, poire, bruyère
- Foyers
La neuvième couche ayant quand à elle révélé, au moyen de la paléogénétique (recherche de l’ADN ancien), la présence d’ossement de grands mammifères, comme le périssodactyle.
Pas moins de cinq foyers y ont été découverts !
Dans un ancien foyer de la cinquième couche, daté de 380 000 ans avant notre ère, on a retrouvé notamment un fragment de dent d’éléphant !
C’est la découverte de ces foyers et l’utilisation du feu dans ce site, les plus anciens d’Europe qui ont permis en 1997 de classer MENEZ DREGAN « Premier grand site de Bretagne »
Ces 3 sites sont présentées au public lors des journées du patrimoine et lors des journées « portes ouvertes » pendant les fouilles de Ménez Drégan au mois d’août avec la participation de la Mairie et de l’office de tourisme de Plouhinec.
Dans les années à venir, une Maison de la préhistoire verra le jour à Ménez Drégan, sur la pointe du Sourc’h. Cette pointe du Sourc’h se trouve elle-même être une énorme nécropole mégalithique conservant des vestiges de nombreux dolmens et allées couvertes datées de – 4 000 et – 5 000 ans.
Le site a été fouillé pendant de nombreuses années par l’archéologue Michel LE GOFFIC, celui-là même qui a rénové la magnifique allée couverte de Pors Poullan.
La Maison de la Préhistoire présentera les découvertes et l’historique de ces 3 grands sites du Cap Sizun.
Textes de Jeannine BALAIS – CLOAREC
Photos J. Evenat