Histoire du port du Loch-Partie 6
La digue du port du Loch Primelin au fil du temps
Par Hervé THOMAS
Rapidement après la construction de la digue en 1906 (longueur 76m), la flottille de bateaux augmenta considérablement, du fait de la sécurité qu’apportait l’ouvrage. Et c’est tout naturellement qu’en juin 1908 les pêcheurs réclamèrent, par une pétition aux pouvoirs publics, l’allongement du » môle « , abri du port.
Les ingénieurs avaient, en conséquence, établi un avant-projet sur une longueur supplémentaire de 60 mètres environ, et évalué à 40.000 Francs la dépense de l’entreprise, pour deux tiers à charge de l’état, et l’autre tiers à charge des intéressés locaux.
En mai 1910 une somme de 13.334 Francs est votée par la municipalité, en mars 1911 un crédit est accordé. La construction commence en 1912 et se termine en 1913. 64 mètres furent ajoutés à la digue, ce qui porta sa longueur à 140 mètres. La municipalité de Plogoff ne voulut pas participer aux frais de la construction, bien que des bateaux de la commune y mouillaient.
La construction fut réalisée par de la main d’œuvre locale.
Toutes les personnes sont identifiées par un listing.
Nous pouvons retrouver leur fonction ainsi que le nombre d’heures travaillées sur une période du 28 septembre au 9 novembre 1912.
Tout au long des années, la digue a été sollicitée en permanence. A la fin de l’hiver un minimum d’entretien est nécessaire. Une dégradation, même mineure, peut avoir des répercussions désastreuses sur tout l’ouvrage.
En 1951, le conseil municipal de Primelin réclame l’allongement de la digue, qui reste encore insuffisante. Les bateaux de pêche sont plus nombreux à l’après-guerre. Cette fois le financement est partagé entre les deux communes, pour un allongement de 45m supplémentaires. Les travaux se montent à 8 millions de Francs, Primelin participe pour 2.225.000F et Plogoff pour 1.700.000F. La prolongation de l’ouvrage est confiée à l’entreprise Marc de Brest. Cette partie sera réalisée en béton armé en 1953, à la différence des 2 premiers tronçons réalisés en pierre.
La longueur de la digue est maintenant de 185 mètres, c’est la dimension que nous connaissons aujourd’hui.
En 1975 des travaux de consolidation furent réalisés dans la partie centrale (1/2 carapace en béton armé), pour consolider les parties fissurées par les assauts répétés de l’océan (les matériaux utilisés en 1913 n’étaient peut être pas de bonne qualité). Au bout de quelques années, les vagues réussirent à décoller quelques plaques, rendant la carapace localement inefficace. Malgré tout, l’ouvrage a tenu bon au fil des années 1990-2000.
Au début des années 2000, nous remarquons une dégradation importante sur la partie réparée en 1975. Tout est à refaire.
Pour réduire et briser la force des vagues, la pose de gros blocs de granit, côté large, aurait été très indiquée pour protéger l’ouvrage.
En 2005 c’est un nouveau coffrage qui sera réalisé sur la partie de la digue érigée en 1913 et réparée en 1975. Cette réalisation est remarquable, l’ouvrage est enrobé de haut en bas.
En ce début d’année 2013 … encore et toujours la mer ronge et travaille l’édifice. Mais cette fois-ci, les choses se compliquent sur la partie construite en 1906.
Même si sur l’extérieur tout semble relativement correct, il suffit de s’approcher de la partie de la digue construite en 1906 pour se rendre compte de l’étendue des dégâts, causés durant la fin de l’hiver 2012-2013.
La mer a creusé une grotte de près de 100 m3, à l’intérieur de la digue. La houle à marée haute vient comprimer l’air de la poche, ce qui provoque des gerbes d’eau sous pression. Le phénomène est également visible côté port par le joint des pierres. Il est certain que cette partie de la digue s’écroulera si des réparations ne sont pas réalisées avant la fin de cette année 2013, mais les coûts de réparation sont bien trop importants pour la seule commune de Primelin.
L’accès à la digue est donc pour le moment interdit au public étant donné la dangerosité liée au risque d’éboulement.
En mai 2013, la réparation de la digue a eu lieu. Pour remplir de ciment l’immense cavité, un trou a été réalisé sur le sommet de l’édifice.