Taxe sur les chapeaux bretons – Ouest-Eclair
Ouest-Eclair du 22 janvier 1927
A propos de la taxe de luxe sur les chapeaux bretons
Nos lecteurs ont pu. lire dans Ouest-Eclair du 15 janvier une lettre de parlementaires bretons au ministre des Finances demandant la suppression de la taxe de luxe sur les chapeaux bretons.
A vrai dire, nous déclare un fabricant chez qui nous nous sommes rendu, les chapeaux bretons ne sont pas tous assujettis à cette taxe. Jusqu’au prix de 60 francs, comme pour tous les autres couvre-chefs, nous ne-payons pas la taxe de 12 %.
« Mais je ne puis que féliciter les députés en question pour leur intervention en faveur des chapeaux bretons, plus chers.
« Alors que pour ce prix maximum de 60 francs l’on peut se procurer un chapeau de ville ries plus présentables, nous, nous ne pouvons vendre à ce prix qu’un chapeau très ordinaire, et encore sans le velours et la boucle. Et je n’en vends pas de plus chers, croyez-moi.
« Aussi, que voyons-nous ? Les jeunes gens des campagnes se désintéressent de plus en plus de ces chapeaux cependant si seyants et donnent leur faveur à l’affreux » jockey » de la ville. Ainsi disparait petit à petit le costume qui a fait jusqu’ici notre originalité. Bientôt les touristes ou les collectionneurs seront les seuls à nous acheter nos chapeaux.
« Car, Monsieur, en somme, si le costume masculin a encore dans notre région quelque reflet de l’ancien temps, n’est-ce pas au chapeau qu’on le doit ? Au lieu des « chupen », des » bragou-bras », que voyons-nous …. Des pantalons au pli aussi impeccable qu’en ville, des vestons, ma foi, presque aussi élégants ; bientôt les gilets de velours disparaîtront à leur tour. Le chapeau, seul, je vous le répète, garde le prestige du costume breton.
« Est-ce donc le moment de le taxer aussi rudement ?
« Et puis, autre chose. Croit-on que lors que nos braves gens de la campagne seront habillés des pieds à la tête, en « pékin, » que le goût de la ville ne les prendra pas encore plus vivement que par le passé ? « Il faut réfléchir à tout cela. » Evidemment. Aussi souhaitons-nous de voir M. le Ministre des Finances, répondre d’une façon favorable aux demandes si justifiées de nos députés bretons en faveur d’un objet qui n’est pas précisément du… luxe. .!!
Recherche d’archives Jean Jacques Pérès – Les fautes éventuelles d’orthographe sont d’époque.