La chapelle St Corentin
Histoire de la chapelle St Corentin Par Pascal Gay
La Chapelle Saint Corentin est située au Goulénez, loin du bourg, sur un lieu sacré, probablement le plus ancien de l’île. A cet emplacement se trouve un puits à l’eau plus douce encore que celle du puits du bourg. Lorsqu’on connaît la difficulté pour les Sénans de se procurer de l’eau douce, on comprend que des druides aux chrétiens, le lieu ait attiré les hommes de toutes confessions.
Un oratoire dépendant du prieuré de l’Isle Seidhun aurait été construit à l’époque même de Saint Guénolé, au moment ou le Roi Gadlon lui aurait offert l’île en cadeau, vers l’an 440. Mais le temps faisant son travail destructeur, la minuscule chapelle fut reconstruite au XVème siècle. Elle était le lieu de prédilection des hommes désireux de se retirer du monde. Plusieurs ermites s’y succédèrent, priant et travaillant leur petit jardin : « le Chardin an Iarmit », proche du lieu de prière et du puits miraculeux.
L’oratoire était peu accueillant. Creusé à même le sol, il était dallé et ne possédait pas d’autre ouverture qu’une porte au pignon ouest, deux lucarnes et deux hublots dans le toit. Son autel était de bois, offert par l’église des Carmes de Brest et était éclairé d’un tableau représentant la descente de la Croix. Quatre pauvres statues l’habitaient en permanence : Le Christ, Notre Dame de la Garde, Saint Yves et Saint Corentin.
Cette dernière statue sans valeur était très importante pour les marins. Il leur suffisait de tourner la crosse épiscopale du Saint dans le sens où ils voulaient que le vent vienne, et le Saint les exauçait. Si par malheur, Saint Corentin refusait d’entendre leur supplique, les marins tournaient la statue contre le mur et l’habillait de goémon, de sa mitre blanche à ses gants gris. Le Saint était ainsi puni en grande honte et le restait jusqu’à ce qu’il obtempère et donne enfin le vent demandé. Il était alors nettoyé, remis la face vers les fidèles et était l’objet d’offrandes et de prières particulières.
La crosse de Corentin ne tournera plus jamais pour les marins de l’Ile de Sein. Quelqu’un a dérobé la statue et elle n’a jamais été retrouvée.
Au début du XXème siècle, la chapelle était à l’état de ruines. Les Sénanes étaient particulièrement touchées par cet état de choses. Lors du départ des hommes pour l’Angleterre, en juin 1940, elles prononcèrent le vœu de reconstruire la chapelle de Goulénez dédiée à Saint Corentin, au retour des hommes et au moment de la victoire de la Patrie.
Il leur fallu attendre quelques années encore et c’est le recteur Marzin, arrivé sur l’île en mars 1968 qui entendra leur doléance concernant la petite chapelle. Il fit les études nécessaires et proposa une nouvelle construction, un peu plus grande que la précédente et éclairée de vitraux. Les travaux débutèrent l’été 1971 et durèrent 6 mois. En creusant les fondations autour de l’ancien oratoire, on trouva un menhir couché de 3 mètres de long ainsi qu’une pierre creusée en deux bacs (bénitier double ou auge double ?).
En janvier 1972, la chapelle bénéficia d’une nouvelle statue de Saint Corentin, offerte par Léon Bargain, artiste de l’Ile Tudy. Les trois vitraux furent offerts par une famille de Sénans. Le 13 août 1972, la nouvelle chapelle fut inaugurée.
Bien que simple, elle n’est pas à l’abri des larrons et des gens irrespectueux. Le vol de la statue de Saint Corentin servant malheureusement de leçon, la chapelle est désormais fermée au public, en dehors des heures d’office, ce qui arrive rarement.
Les téléspectateurs en ont eu une vision intérieur comme extérieur dans le film tournée en 2003 sur l’Île de Sein : « Les Robinsonnes ».