Kei Shi Judo Club
Un Beuzecois au pays du soleil levant
Texte et photos Clément BOREL
Après 36 ans de « Tatami breton » l’opportunité d’un pèlerinage judo en terre japonaise s’est présentée à notre ami Clément BOREL et c’est avec beaucoup d’enthousiasme qu’il a intégré le groupe des 24 enseignants bretons retenus par la ligue de Bretagne de judo.
Un voyage initiatique à l’autre bout du globe avec en poche le billet BEUZEC /OSAKA!.
Clément nous raconte.
Ce pays que je racontais aux jeunes enfants au gré d’une pédagogie de l’imaginaire, je ne le connaissais qu’au travers des livres, de l’enseignement que j’avais reçu et aussi par mon ami japonais Eiji KIKUCHI, judoka résidant entre la France et le Japon.
12000 kms nous sépare de cet archipel d’iles que forme le Japon et c’est après une grande courbe en survolant le nord de l’ Europe puis l’Asie, que nous avons atterris au sud du Japon à Osaka. Nous utiliserons plusieurs vols internes durant notre séjour pour nous rendre du sud de KANOYA à KYOTO puis TOKYO à l’est du pays.
De vol en vol, attentes diverses, trajets en bus qui nous conduisent dans une région montagneuse et vallonnée traversant villages, petites agglomérations et nous voilà enfin à KANOYA, l’université de sports, une remarquable infrastructure sportive ou nous séjournerons durant 4 jours.
Un bord de mer à la côte dentelée, à l’activité consacrée à la culture du riz, l’alcool de pomme de terre, la pêche et ses activités d’élevages de poissons et d’ huitres, mais aussi un lieu retiré, idéal pour former l’élite des athlètes et cadres japonais dans diverses disciplines dont le judo.
Une végétation luxuriante nous inonde , l’eau est partout en cette saison de mousson et tout semble fait pour collecter cette eau semble-t-il très précieuse pour les cultures diverses.
L’air est très humide et chaud 30 °, notre humidité bretonne est plus que dérisoire en comparaison !
Une autre univers s’offre à nous: celui de la tradition, découvrant nos chambres : couchage sur les tatamis de paille avec les futons et plus tard au repas les baguettes en guise de fourchette ,nourriture variée, riz, légumes, poissons crus ou cuits à chaque repas.
L’ordre et l’hygiène sont partout , tout est codifié, réglé au millimètre près digne d’ un campus militaire !
Communiquer par mail c’est avéré difficile et ce n’est qu’au bout du 3ème jour que nous avons pu envoyer des nouvelles à nos proches.
A la grande surprise de tous, après 24 h de voyage et à peine nos valises posées, le programme s’annonce copieux, une rapide douche et nous voilà en kimono en route vers l’imposant Dojo dédié aux arts martiaux.
Une multitude de pratiquants de sport de combat se croise dans le grand hall au parquet de bois de l’imposant Dojo, ,nous échangeons le salut traditionnel japonais, le décor est planté ! Nous appliquons scrupuleusement les règles propres à un tel lieu,chaussures retirées et rangées au vestiaire, échanges de paroles discrètes etc…le temps des samouraïs serait-il resté figé en cet endroit? je n’en crois pas mes yeux, quelle exaltation de vivre ce moment !
L’arrivé de maitre HAMADA sur le tapis est impressionnante, homme de petite taille, la soixantaine, il cache une énergie insoupçonnée et une prestance stupéfiante forçant le respect par une expérience, un palmarès surprenant, son judo très affuté qui en a fait un des meilleurs techniciens mondiaux, nous nous étions déjà rencontrés au stage national de CROZON 2005 et j’en garde un souvenir exceptionnel !
Il nous introduit chaleureusement auprès de ses élèves, des jeunes athlètes hommes et femmes peu communicatifs
Nous sommes perçus comme des curiosités, des extra-terrestres de l’autre bout du monde .
HAMADA s’exprime en japonais demandant le plus grand respect et disponibilité à notre égard puis il s’adresse à nous en anglais nous expliquant en détail, la formation effectuée dans cette université sportive.
Nous intégrons les cours et un programme plutôt centré sur la compétition, la préparation physique qui s’impose, l’université préparant des grands rendez vous nationaux d’été.
Je n’en perds pas une miette, tout est propice à observation pour comparer le contenu pédagogique, proposé avec nos méthodes françaises.
L’attitude des judokas japonais face à une charge de travail soutenue est déconcertante, ils font preuve d’une docilité surprenante au travail et une exceptionnelle résistance à l’effort ,enchaînant de multiples exercices et combats et ceci sans broncher.
Je perçois une volonté collective à se dépasser dans l’effort, une entraide pour que le groupe tout entier progresse et s’associe aux attentes du professeur et à leurs objectifs.
Le Dojo me paraît en ébullition, au dessus de nous les Kendokas à l’entraînement font trembler la dalle de béton du 1er étage, une énergie stupéfiante envahie l’édifice !
Les japonais sont un peu frileux pour combattre avec des occidentaux et il nous faut faire le premier pas, pour ma part, mon statut de vétéran ne m’apporte aucun privilège alors, oui, je souffre en silence, ce qui me demande une gestion contrôlée de l’effort pour tenir le rythme, ne voulant surtout pas être qu’un spectateur, ce qui me vaudra de belles courbatures les premiers jours et une envie obsessionnelle d’eau à chaque instant tant il fait chaud !
Nous ruisselons dans cette atmosphère de chaleur humide où notre organisme est mis à rude épreuve, nos kimonos sont imbibés de sueur, à la pause nous nous dirigeons hâtivement vers la fontaine à eau comme un troupeau voulant s’abreuver ,cela me rappelle les innombrables entrainements intensifs de ma jeunesse et le retour à des sensations oubliées.
Nous nous retrouverons chaque jour au petit matin à 6h30 sur la piste d’athlétisme pour la séance d’endurance et séquence d’exercices physiques, une brume humide envahit le campus et nous voilà partis pour une nouvelle aventure dans cette ambiance tonique et studieuse du Dojo.
Les relations amicales malgré la barrière de la langue naitront après quelques jours de cet échange virile entre combattants .
Nous serons reçu par les élus locaux pour une réception officielle propice aux échanges de cadeaux et je trouverai à cette occasion l’opportunité de remettre les emblèmes du CAP SIZUN et brochures touristiques à nos hôtes, une soirée au repas traditionnel soudera à jamais cet échange exceptionnel.
Le matin de notre départ ils sont tous présents, nous portent nos valises jusqu’au bus qui nous conduit à l’aéroport, ils improvisent une haie d’honneur, une certaine émotion de fraternité nous envahit à cet instant.
KEI SHI JUDO CLUB
TREMARIA 29790 BEUZEC CAP SIZUN
Contact : Clément Borel