Histoire du port du Loch-Partie 1

Les Primelinois(es)

Il y a un siècle, en mars 1903, une session extraordinaire du conseil municipal de Primelin en Finistère décidait de munir le petit port du Loch d’une véritable protection

Dieu Honneur Patrie

Dieu Honneur Patrie

Par Hervé THOMAS

La Bretagne, quasiment encerclée par la mer, est la région de France qui compte le plus de marins.
La pêche est une entreprise hasardeuse et les tempêtes de l’hiver ne font que rallonger la liste des hommes disparus.

Il y a un siècle, en mars 1903, une session extraordinaire du conseil municipal de Primelin en Finistère décidait de munir le petit port du Loch d’une véritable protection. « Une station de sauvetage sera édifiée ainsi qu’une digue ».

Pendant près de 50 ans les langoustiers et bateaux de pêche du Loch seront sous la protection de la station de sauvetage H.S.B. (Hospitaliers Sauveteurs Bretons, ancêtre de la SNSM)
Aujourd’hui, les bateaux de plaisance et de loisirs ont remplacé la pêche professionnelle. Les prévisions météorologiques ont permis de minimiser l’insécurité maritime. Seul l’abri de sauvetage, témoin d’une époque révolue, subsiste pour rappeler le sauvetage au temps des avirons et de la voile. Mme LEMONNIER donatrice de l’abri fit sculpter la devise « DIEU HONNEUR PATRIE » sur le porche (remarquer les deux N inversés ?).

L’histoire
Plan de l'anse du Loch en 1895

Plan de l’anse du Loch en 1895

Déjà en avril 1894, Simon DAGORN, maire de Primelin, écrit, après une réunion du conseil municipal, au Préfet pour l’informer de la pétition des pêcheurs du Loch qui demandent la construction d’une cale avec treuil dans l’anse du futur port.
La cause de cette pétition est due au fait que le propriétaire du terrain sur lequel les pêcheurs remontaient leurs barques lors des tempêtes, a fait clôturer le dit terrain. Or, il y dans l’anse une cinquantaine de bateaux ; ce qui fait 250 marins pêcheurs environ, qui se trouvent ainsi sans abri – il n’y a aucun refuge sur les 52 km de côte entre Douarnenez et Audierne.

En 1895, une lettre émanant de la direction des Routes, de la Navigation et des Mimes informe la municipalité de la décision ministérielle de l’installation d’une cale de levage avec treuil de 60m pour environ 900 F.

photoloch

Photo du Loch Plogoff de 1900

En Janvier 1898, Mr Simon POULHAZAN, cultivateur à Kermaléro, s’engage enfin à vendre la parcelle n°9 section D, appelée Dour Salou.
-signé de GLOGUEN : conseiller municipal
-de Daniel THOMAS : Patron pêcheur
-et de Simon POULHAZAN : signé d’une croix

En début 1899, cette promesse de vente fut contestée par son propriétaire, et par la suite, sous prétexte que ce n’était pas vendu assez cher, les années passèrent sans que rien ne se passa.

Plan de la cale

Plan de la cale

En juillet 1899, une souscription est ouverte, car la commune est pauvre. Certains pêcheurs ont versé des sommes allant de 3 F à 12 F par bateau, pour permettre à la municipalité de réunir la somme de 75 F l’are (soit 375 F) demandée par Mr POULHAZAN : L’installation du treuil de hissage sera réalisé.

Jean Marie FOLLIC du Loch
Alain CARIOU de Kermaléro – bateau « St Germain »
Pierre QUEMENEUR de Kerandraon – bateau « le chasseur »
Mathieu URCUN du Loch – bateau « Anne Josephe »
Jean Clet CARIOU du Trez – bateau « Ste Anne »
Mathieu CISSOU de Kerandraon – bateau « L’intrépide »
René RIVIER de Kerandraon – bateau « Trident »
Yves URCUN de Kérandraon – bateau « Joséphine »
Simon LE BERRE et Pascal COZ du Loch
Simon COSQUER de Kerandraon – bateau « Bayard »
Pierre COSQUER de Kerandraon – bateau « Jean Bart »

Plan du treuil de levage

Plan du treuil de levage

Durant les années suivantes, d’autres réunions et commissions se succèderont mais les différents dossiers n’avanceront guère. En Début 1903, une session extraordinaire du conseil municipal de Primelin exprima les difficultés des marins à exercer leur métier, mais aussi les grands dangers des côtes entre le Raz de Sein et Audierne.

En avril 1903, une pétition des marins fréquentant le Loch est rédigée simultanément à Plogoff et à Primelin, demandant au Président de la commission départementale un secours pour les 150 hommes du Loch (ce qui fait une trentaine de barques).

Le 29 avril 1903, il est question qu’une personne, Madame LEMONNIER, offrirait un bateau de sauvetage sur sa fortune personnelle. Ce canot serait dessiné par HENRY concepteur de navires à Rochefort-sur-mer. Il sera insubmersible.

L'abri de sauvetage

L’abri de sauvetage

Le 2 mai 1903, Dans une lettre au préfet du Finistère, Mme LEMONNIER, veuve de Mr Paul LEMONNIER, déclare :« C’est moi qui ai découvert le Loc’h et me suis attachée avec persévérance à l’idée arrêtée d’arriver à faire créer un petit port de refuge »

Adjudication restreinte en octobre 1905

Adjudication restreinte en octobre 1905

En juillet 1904, la commission nautique se réunit en vue de la construction d’un brise lame au Loch. Elle est composée de l’administrateur du quartier d’Audierne, du maire de Primelin, de Daniel THOMAS, Jean Yves BRENEOL, Jean CARIOU, Mathieu CISSOU, Jean COSQUER, Mathurin URCUN.

représentation du Port du Loch Primelin en 1900

Représentation du Port du Loch Primelin en 1900

Jusqu’à présent, le Loch (lac : écrit Loc’h en Breton) le lieu du futur petit port, est un abri précaire protégé, si l’on peut dire, par deux plans de rochers. Au moindre coup de vent, les marins devaient à l’aide d’un treuil fixé sur le rivage, hisser leur bateau.

Proces-verbal d'août 1904

Proces-verbal d’août 1904

L’avant projet de la digue est estimé à 30.000 F avec 20.000 F, pour la part de l’état et 5.000 F pour la part départementale. Le 24 août 1904, grâce à l’effort du conseil municipal, la commune a réussi à rassembler la somme de 4729 F (y compris les 2500 F de Mme LEMONNIER). Il manque 271 F pour atteindre les 5000 F prévu pour la part de la commune. Une subvention de 271 F est accordée.

Plan de la digue de 1904

Plan de la digue de 1904

L’ abri de sauvetage fut construit par l’entrepreneur M. le Naour en 1904, pour recevoir le futur canot. Les travaux furent terminés en fin décembre.

En octobre 1905, la construction de la digue d’une longueur de 76m est confiée par adjudication à l’entrepreneur Pierre GUIRAUDIE de Douarnenez pour la somme de 18.392 F.

La création de la station de sauvetage H.S.B. du Loch Primelin

 

Mme et Mr Lemonnier

Mme et Mr Lemonnier

Madame veuve LEMONNIER, la soixantaine alerte, débarque, par hasard, un beau jour de 1903 à Locronan, le village lui plaît, elle se lie d’amitié avec la famille DANIELOU.
La même année en mars, le conseil municipal de Primelin juge nécessaire la création d’une station de sauvetage un peu plus à l’Ouest au Loch, petit port situé entre Audierne et la Pointe du Raz, hors de portée pratique du canot d’Audierne.
Un adjoint, M. RIOU, offre un terrain et c’est le début d’une petite histoire locale, celle de la station de sauvetage des Hospitaliers Sauveteurs Bretons du Loch en Primelin inaugurée grâce à la générosité de Madame LEMONNIER Marie Louise née TOULMOUCHE (1840-1924), en mémoire de son mari Paul LEMONNIER (1836-1894, Ingénieur des Mines). Le canot qui restera en service jusqu’en 1936, portera son nom.

A Primelin, elle offre donc aux Hospitaliers Sauveteurs Bretons une station de sauvetage complète : abri, rampe de lancement, canot redressable (8.500 F) système Henry, baptisé Paul LEMONNIER et contribue, pour 2.500 F à la construction de la digue de protection du port.

Commission nautique de juillet 1904

Commission nautique de juillet 1904

Elle assiste à l’inauguration le mardi 16 avril 1907 et y prononce un discours bref et énergique. Les H.S.B. souhaitaient répartir sa contribution entre les stations de Primelin (Le Loch ) et de l’Aber Wrach dont le canot fut remplacé à la même époque, mais elle exigea la prise en charge complète de celle de Primelin.

 

Courrier d'avril 1903

Courrier d’avril 1903

Courrier d'avril 1903

Courrier d’avril 1903

J’ai voulu rassembler quelques documents pour retracer l’histoire du port sur un siècle. Ma famille a eu dans le passé un rôle actif dans la vie de la station de sauvetage et il restait dans les greniers quelques papiers relatant cette époque. Il était important de synthétiser par des écrits avant que le temps et l’oubli effacent tout cela.
Je remercie tous les passionnés qui m’ont aidé à écrire ce petit blog sans prétention, et en particulier mon père Jean, mais aussi toute ma famille, ainsi que : Roger MOULLEC, Annette et Blandine MEIL, Pierre KERISIT, Joseph HEURTE, Henry KERISIT, Claude VILLARD, René KERMEL, Nenette CISSOU, Gabi STRUILLOU, Tanguy DE KERROS, Famille eugène PERROT, Mr RENAULT (SNSM St Malo), Md ROSSI (SNSM Paris), Pascal SERVAIN, Michel BESCOU, Andrée CHAPALAIN …

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